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« Nuit Blanche », la poésie du slow motion.

par David
"Nuit Blanche", la magie du slow motion

J’étais tombé il y a quelque temps sur un court métrage magnifique, « Nuit Blanche ». Et au hasard de l’une de mes pérégrinations sur internet, me revoilà face à cet instant magique, suspendu dans le temps, et magnifiquement réalisé. L’occasion pour moi de vous le repartager ici, et d’essayer d’en déceler les secrets.

On se retrouve donc dans 4 minutes 40 …

Alors ? Magnifique n’est ce pas ?

Et merci à la musique de Samuel Bisson ! Essayez de regarder le film sans son, vous comprendrez à quel point la musique apporte une réelle intensité à la scène (surtout sur des plans longs, et en slow motion … ). Et vous voyez aussi à quel point la réalisation d’un film est un savant mélange de beaucoup de choses, et de beaucoup de talents, il ne faut négliger aucun aspect: musique, plans (valeurs des plans, angles de prise de vue), montage, effets spéciaux, bruitages, etc … Tellement d’ingrédients à ajouter les uns aux autres, et avec une grande précision, pour souvent ne même pas arriver à rendre exactement ce qu’on avait en tête au début  du projet. Bravo à Arev Manoukian d’avoir imaginé ça !

La magie du slow motion

Camera Slow Motion

Camera Slow Motion

Venons en à ce qui fait la poésie de ce film, et qui suspend cette scène dans le temps. Évidement, pour donner cette impression d’apesanteur, il fallait jouer avec le temps à l’image, quoi de mieux que le slow motion. On utilise souvent les cameras slow motion dans un but scientifique, pour voir des choses invisibles à l’œil nu, sur des mouvements trop rapide et dont on voudraient voir la décomposition la plus précise. A ce propos, je vous conseille de voir quelques vidéos de ces deux jeunes chenapans scientifiques en herbe, qui s’amusent à filmer un peu tout et n’importe quoi en slow motion (si vous avez quelques minutes à perdre, mais c’est toujours marrant ! ). C’est également très utilisé dans la retransmission d’événements sportifs, match de foots, etc … pour repasser des actions au ralenti. Evidemment, le cinéma s’en régale sur des effets d’accélérés / ralentis, sur des scène d’action, de combat, etc … On ne fait pas ça avec des caméscopes à 800 €…

Vous savez tous qu’en vidéo, les images défilent à 25 images par secondes (24 au cinéma). C’est une norme, la cadence à laquelle on estime que l’on trompe suffisamment l’œil pour que le mouvement paraisse fluide (on parlera peut-être dans un futur article de la fameuse « persistance rétinienne », sur laquelle est basée tout le principe du cinéma). Pour des films « normaux », sans effets de ralentis, la camera filme aussi à cette même cadence.

Les cameras slow motion elles, filment à des vitesses bien plus élevées. Elles peuvent capturer plusieurs centaines, voire plusieurs milliers d’images en une seconde. Prenons l’exemple d’une camera qui filme à 1000 images par seconde, 5 secondes de capture = 5000 images (pas très difficile comme calcul). Une fois enregistrées à cette cadence, je décide maintenant de visionner ces images, mais à la vitesse normale de 25 images par secondes. Donc pour une séquence de 5 secondes, enregistrée à 1000 images seconde (donc 5000 images dans la séquence), combien de temps va durer le visionnage de cette séquence à cadence normale de 25 im/sec ?  Cette même séquence de 5 secondes dans la vrai vie, filmée à 1000 im/sec, sera visionnée en 3 minutes 20 (200 secondes) à la cadence de 25 im/sec !

Le résultat: un mouvement ultra fluide et ultra décomposé, qui va vous changer de votre caméscope qui au mieux capture à 30 ou 50 im/secondes (et encore, même des cameras grand public qui ont ce genre de fonction de ralenti, ça court pas les rues …). Vous vous amuserez peut-être à ralentir dans un logiciel de montage, mais ça n’aura jamais le rendu de ce type de camera. Pour recréer cet effet slow motion, certains logiciels comme After Effect font de « l’interpolation d’image »: ils recréent des images qui n’existent pas entre celles qui existent. Le logiciel ce sert de l’image d’avant, et de l’image d’après, analyse les couleurs des pixels et leurs « mouvements » pour inventer une image (ou plusieurs) entre les deux. Une seule image en plus entre chaque image, ça fait déjà 50 images/sec, et c’est toujours bon à prendre pour redécomposer le mouvement. Des fois ça marche, des fois ça foire …

Cameras slow motion et compositing

On a parlé de slow motion « traditionnel », mais revenons en au chef d’oeuvre que je vous présentait: « Nuit blanche ». Difficile déjà de déceler les plans « réels » et les plans recomposés, puisque même les plans qui paraissaient authentiques, tournées dans un vrai décor, sont complètement récréés en post production, bourrés d’effets spéciaux, entièrement tournés en studio.

Voilà les coulisses du film, vous jugerez du talent de Marc-André Gray pour les effets spéciaux et le compositing, très beau mélange de 3D, de photos et de prises de vue réelle, régalez vous !

Vous savez tout ! Même des plans banals, que l’on auraient crû réels sont complètement reconstitués (le plan de la femme assise dans le café aurait pût être tourné dans un décor, de même que le tout premier plan, avec l’homme qui s’arrête sur le trottoir et les passant derrière lui). Beau soucis du détail, en compositing, c’est les détails qui font tout ! Plus on va dans le détail, plus on « salit » le compositing, et plus ça marche: les reflets sur le trottoir humide, les ombres, fumées, grain de l’image, feuilles qui volent, flares, débris, etc …

Venons en au slow motion. Forcément, avec un mélange de vidéo et d’éléments 2D et 3D, il faut que tout aille au même rythme (en l’occurrence, très lentement). Les plans tournés avec une camera slow motion sont: le pied qui marche dans la flaque ( j’avais d’abord crû à une simulation de fluide dans un logiciel 3D, mais à en croire le making off, ça a bien été tourné en slow motion …); le plan du verre qui tombe et se brise, l’homme qui traverse la rue de profil, les stocks shots de fumées, débris, etc , et en règle générale, tous les plans comportant des personnages animés (personnages principaux et passants). Le reste étant ou de la photo, ou de la 3D.

Tous les éléments 3D doivent aussi être déformés au ralenti. C’est le cas de la voiture qui s’encastre sur l’homme qui marche (accompagné des éléments 2D, particules et fumées, qui viennent encore plus fixer cet élément 3D dans la scène), les morceaux de verre qui accompagnent les deux personnages (on voit dans le making off que la vitre de verre traversée par la femme est entièrement simulée en 3D, avec surement ajout de fumée et de particules 2D réelles). Si un seul de ces éléments 2D était enregistré à 25 fps (images/sec) et restitué dans le compositing à la même cadence (puisque généralement, tout ce qui est des fumées,des particules, ou des débris etc, sont réellement filmés sur fond noir ou vert), cet élément, qui irait donc « plus vite que la musique », décrédibiliserai tout le plan. Même si on essayait de bricoler un ralenti … Imaginez que tout le plan soit bien fluide, mais que la couche de fumée soit complètement saccadée (car beaucoup de logiciels de montage se contentent de dupliquer chaque image, ou de faire des fondus entre chaque image pour faire des ralentis …). Là encore, c’est pas bon !

On voit aussi dans le making off que l’un des derniers plans utilise des répliques 3D de nos deux tourtereaux. On en a parlé il y a quelques temps avec le générique de Secret Story (bonjour la référence …), il s’agit de mapping. On mappe, ou on plaque une photo sur un objet 3D, la photo n’est donc plus juste un plan 2D, elle épouse les formes de l’objet sur lequel elle est plaquée. Il est très facile ensuite de faire évoluer nos personnages 3D au ralenti, par clé de position (comme en 2D d’ailleurs).

 

Visiblement, le concept de cette vidéo a plût à Sony:

Réalisé quelque temps plus tard par la même boite canadienne (SpyFilms), avec apparemment un peu plus de moyen, voici le making off, vous y apprendrez beaucoup de choses !

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